Chocolat et café : vers une pénurie inévitable ?
De la rareté à la transformation des habitudes.
Le chocolat et le café sont-ils en passe de devenir des produits de luxe ? La question se pose alors que les prix de ces matières premières atteignent des sommets.
En mars 2024, le cacao a dépassé 8 000 dollars la tonne, enregistrant une hausse de 150 % en un an (source : Bloomberg, 2024).
Le café arabica, lui, a vu son cours grimper de 50 % en raison d’une offre en baisse et d’une demande mondiale toujours plus forte (source : International Coffee Organization, 2024).
Une production en crise
L’Afrique de l’Ouest, qui assure près de 70 % de la production mondiale de cacao, est durement touchée par le changement climatique.
En Côte d’Ivoire et au Ghana, les sécheresses, les pluies irrégulières et la propagation du swollen shoot, un virus qui décime les cacaoyers, menacent les récoltes. La production 2023-2024 pourrait ainsi chuter de 20 % à 30 % (source : Reuters, 2024).
Le café connaît des difficultés similaires. Le Brésil, qui représente 40 % de la production mondiale, fait face à des sécheresses et à des gels qui réduisent les rendements (source : USDA, 2024).
En Colombie, deuxième producteur mondial d’arabica, la rouille du caféier a entraîné une baisse de 30 % de la production ces dernières années (source : National Federation of Coffee Growers of Colombia, 2024).
Dans le même temps, la demande ne cesse d’augmenter. En Chine, la consommation de café a été multipliée par trois en dix ans (source : Statista, 2024). En Inde, le marché connaît une croissance annuelle à deux chiffres.
Pour le chocolat, la consommation explose en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique, accentuant la pression sur la production (source : Euromonitor, 2024).
Des alternatives en plein essor
Face à ces défis, plusieurs start-up tentent de réinventer le chocolat et le café.
Certaines développent des substituts, tandis que d’autres misent sur la fermentation ou la culture cellulaire.
Aux États-Unis, Voyage Foods a mis au point un chocolat sans cacao, en utilisant des protéines végétales et des huiles naturelles.
Toujours aux États-Unis, Atomo Coffee propose un café sans grains, obtenu grâce à la transformation de co-produits agricoles comme les noyaux de dattes et les graines de tournesol.
En Allemagne, QOA produit un chocolat à partir de fermentation de co-produits agricoles, imitant le goût et la texture du chocolat traditionnel.
Au Royaume-Uni, WnWn Food Labs suit une approche similaire en recréant du chocolat à base d’orge et de caroube fermentés.
En Finlande, le VTT Technical Research Centre cultive du café en laboratoire à partir de cellules végétales, réduisant ainsi la dépendance aux plantations traditionnelles.
Aux Pays-Bas, Northern Wonder travaille sur un substitut de café sans grains à base d’ingrédients locaux pour limiter l’impact environnemental.
L’upcycling est aussi une solution prometteuse.
En Allemagne, Coffee Circle utilise les coques de café, généralement jetées, pour en faire des infusions et des boissons énergisantes.
Aux États-Unis, Regrained intègre des drêches de brasserie dans des boissons rappelant le café, offrant une alternative durable.
Si ces alternatives permettent d’envisager un futur moins dépendant du cacao et du café, elles n’égalent pas encore totalement leurs saveurs et leurs textures.
La vraie question reste donc de savoir si les consommateurs seront prêts à adapter leurs habitudes ou à payer plus cher pour continuer à savourer leur expresso et leur carré de chocolat.
Choviva attire les marques françaises avec son chocolat sans cacao
La start-up Choviva veut bousculer l’univers du chocolat en remplaçant le cacao par un ingrédient issu de la fermentation de co-produits agricoles.
Une alternative qui séduit déjà plusieurs marques alimentaires françaises en quête de solutions durables face à la flambée des prix et aux tensions sur l’approvisionnement en fèves de cacao.
En proposant une alternative au chocolat plus responsable, Choviva ouvre la voie à de nouvelles recettes qui pourraient bientôt se retrouver dans les rayons hexagonaux.
Des jeunes marques en France pour oublier son café quotidien
En France, le café sans café gagne du terrain avec des alternatives locales à base de lupin, de chicorée ou d’orge torréfiée.
Luppi Coffee mise sur le lupin pour offrir une boisson douce et sans caféine, cultivée en circuit court.
Chérico remet la chicorée au goût du jour, une plante qui allie un goût unique, des bienfaits naturels et un faible impact environnemental.
Arsène propose une alternative au café à partir de légumineuses françaises torréfiées dont majoritairement du lupin.
Ces alternatives attirent un public soucieux de réduire son impact environnemental tout en préservant ses habitudes de dégustation.
Choviva et Planet Foods c’est la même société allemande (et non suisse) basée à Munich