Tendances de la consommation des boissons en France
Un marché des boissons en pleine mutation
Les modes de consommation de boissons évoluent rapidement sous l’effet de nouveaux impératifs de santé, de bien-être et de durabilité.
À l’échelle mondiale, on observe un engouement croissant pour des boissons plus saines : de plus en plus de consommateurs délaissent l’alcool et les sodas trop sucrés au profit d’alternatives mieux-disantes pour la santé.
La France s’inscrit pleinement dans ces mutations, avec un marché des boissons en pleine transformation.
Boissons sans sucre : la chasse au sucre s’intensifie
La préoccupation sanitaire autour du sucre impacte fortement le secteur des boissons.
Face aux liens établis entre boissons sucrées et obésité, plusieurs pays ont introduit des taxes sur le sucre, et les industriels réorientent leur offre vers des versions sans sucres ajoutés ou allégées.
En France, la consommation de jus de fruit illustre cette évolution : la moyenne est tombée à 18 litres par personne par an, de nombreux Français limitant ces boissons pour cause de calories élevées.
Malgré tout, 60 % des Français boivent encore du jus au moins une fois par semaine, mais les fabricants s’adaptent en proposant des jus moins sucrés ou enrichis en vitamines.
De même, sur le marché des sodas, les versions « zero » gagnent du terrain, Coca-Cola sans sucres a ainsi remplacé la recette traditionnelle chez bon nombre de consommateurs.
Les mixers premium (tonics pour cocktails) suivent la tendance : leurs ventes ont bondi de +21 % en 2023 dans les cafés/hôtels/restaurants, portées par des tonics à faible teneur en sucre et arômes naturels.
Réduire le sucre est désormais un axe majeur du marché français des boissons, au même titre que la montée en gamme et l’éco-responsabilité.
Boissons fonctionnelles : santé, énergie et bien-être en bouteille
Les consommateurs recherchent de plus en plus des boissons qui, au-delà du plaisir gustatif, apportent un bénéfice fonctionnel, qu’il s’agisse d’énergie, de relaxation, d’amélioration digestive ou d’enrichissement nutritionnel.
Cette catégorie très dynamique englobe une vaste gamme de produits :
boissons fermentées riches en probiotiques (kombuchas, kéfirs)
boissons « bien-être » relaxantes aux extraits de plantes, eaux vitaminées ou protéinées
boissons purement végétales (lait d’avoine, de coco, etc.)
boissons « beauty drinks » axés sur la beauté
sans oublier les classiques boissons énergisantes et isotoniques pour le sport.
En France, le marché des boissons énergisantes a ainsi atteint près d’1 milliard d’euros en 2023, soit 7 % du marché des boissons sans alcool, après une croissance en volume de +12,5 % en un an. Environ 167 000 Français en consomment d’ailleurs quotidiennement.
On assiste à une multiplication des petites marques innovantes, souvent locales, proposant des recettes santé originales.
Par exemple, les boissons fermentées comme le kombucha, perçues comme des remèdes naturels, connaissent un vrai succès, tout comme les jus pressés à froid qui préservent les nutriments.
Les citadins actifs plébiscitent désormais des breuvages enrichis en électrolytes, adaptogènes ou antioxydants, cherchant à concilier plaisir et bien-être au quotidien.
L’innovation par les ingrédients est clé sur ce segment : le recours à des super-aliments, au gingembre, au maca ou à des extraits botaniques apporte des saveurs inédites et un véritable “plus” santé aux boissons.
No/Low alcohol : l’essor de la sobriété choisie
La tendance sans alcool ou faiblement alcoolisé (No/Low alcohol) est l’un des bouleversements majeurs du marché des boissons.
Les consommateurs, en particulier les plus jeunes, adoptent une sobriété choisie : selon une enquête récente, 52 % des Français déclarent vouloir réduire leur consommation d’alcool et 33 % ont participé à “Dry January” en 2023.
Les motivations invoquées sont la santé (38 %), la réduction des calories (20 %) et même l’attrait gustatif de ces alternatives sans alcool (33 %).
Les boissons sans alcool voient leurs ventes s’envoler : le marché français des soft drinks et autres breuvages sans alcool a progressé de +5,5 % en volume entre avril 2022 et avril 2023, tandis que les ventes de boissons alcoolisées chutaient sur la même période.
Les Français adoptent massivement les bières « 0,0 », vins désalcoolisés et mocktails sophistiqués. Par exemple, les ventes de vins sans alcool ont bondi de plus de +20 % entre 2021 et 2023 en France.
Cette lame de fond s’inscrit dans un mouvement global : la part des jeunes adultes qui consomment de l’alcool est en recul dans de nombreux pays, et le segment des boissons « No/Low » affiche une croissance annuelle proche de +7 % dans des marchés comme le Royaume-Uni.
En France, 65 % des membres de la génération Z se disent intéressés par les bières sans alcool et les cocktails sans alcool haut de gamme.
Le sans-alcool n’est donc plus un phénomène de niche ou ponctuel, mais une tendance de fond durable, poussant les industriels à innover pour offrir des expériences « premium » sans une goutte d’éthanol.
Naturalité, « clean label » et durabilité : l’exigence de transparence éthique
Enfin, les consommateurs exigent de leurs boissons une composition irréprochable et responsable.
Le courant du « clean label » – sans additifs artificiels et avec des ingrédients simples et naturels – prend de l’ampleur.
De plus en plus de Français se soucient non seulement de leur santé, mais aussi de celle de la planète, et sont rassurés lorsqu’ils achètent des produits d’origine naturelle ou végétale.
La notion de naturalité est ainsi mise en avant sur les nouvelles boissons, qu’elles soient bio, fabriquées artisanalement ou simplement formulées avec peu d’ingrédients compréhensibles.
Parallèlement, la dimension développement durable est devenue incontournable.
Les grands acteurs comme les start-up multiplient les efforts pour réduire l’empreinte écologique des boissons, du contenu au contenant.
Chaque année, près de 12 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans – un constat qui a incité l’industrie à adopter des objectifs ambitieux de réduction des plastiques.
Concrètement, les consommateurs français plébiscitent de plus en plus les emballages éco-responsables : le souci environnemental favorise par exemple l’achat de boissons en canettes aluminium ou bouteilles recyclables.
Les marques l’ont bien compris, en mettant en avant le recyclage, les emballages allégés, voire la consigne.
En somme, transparence et éthique sont désormais au menu : une boisson « tendance » en 2024 se doit d’être aussi clean dans sa recette que green dans son packaging.
Conclusion : opportunités pour les professionnels de l’agroalimentaire
Ces tendances de fond, moins de sucre, plus de fonctions santé, zéro alcool et naturalité durable, redessinent le paysage des boissons en France.
Pour les professionnels de l’agroalimentaire, elles représentent autant de défis que d’opportunités.
S’adapter à ce nouveau consommateur « hyper-exigeant » implique d’innover : reformuler les recettes pour réduire le sucre sans compromettre le goût, enrichir les gammes avec des ingrédients bénéfiques (vitamines, plantes, ferments), développer des alternatives sans alcool convaincantes et soigner l’éco-conception des produits.
Le marché français, estimé à 10,4 milliards € pour les boissons sans alcool en 2023, est porteur d’une croissance qualitative centrée sur la valeur ajoutée.
In fine, les acteurs qui sauront combiner plaisir et santé, praticité et responsabilité, bénéficieront de la confiance durable d’un consommateur en quête de sens et consolideront leur avantage compétitif sur un marché des boissons en pleine effervescence.
Sources : Nutrimarketing, Gourmet Selection, Axia Consultants, ModelesdeBusinessPlan, Pew Research, IWSR, Publicis Sapient, FranceAgriMer salon-gourmet-selection.com